Il aura suffit d'un incendie ravageant un des data centers d'OVH pour que tous les IT de France dorment mal et que s'engagent de longues discutions de comptoir sur ce sujet. Il y a aussi les vautours opportunistes qui en profitent pour proposer leurs alternatives. Je ne vais pas ici vous expliquer si OVH est en faute, à mal fait ou bien fait son travail d'hébergeur, je n'en ai ni les moyens ni toutes les compétences. Je suis juste content de ne rien avoir chez eux et je compatis avec mes collègues qui sont dans la panade. Je vais donc juste vous parler de ce que je connais, sachant qu'il existera toujours un delta entre les meilleures pratiques et ce que l'ont peut s'offrir, techniquement et financièrement.
Il n'en reste pas moins qu'en matière de sauvegarde il y a des règles. La première veut qu'on dispose d'au moins 3 copies, les logiciels modernes le font très bien, ensuite que ces copies soient sur plusieurs support (NAS, Bandes), et surtout que l'on dispose d'au moins une copie externalisée. La fameuse sauvegarde de la sauvegarde.
Que veux t'on sauvegarder ?
PC isolé :
Premier conseil, on mets tous les documents dans un cloud drive (Google, Dropbox, Onedrive, KDrive) et on le configure pour qu'il sauvegarde le bureau et les documents. On peut aussi faire ça avec son cloud privé à base de Synology Drive ou autres logiciels de cloud privé comme NextCloud, enfin, quand on maitrise...
Mais on peut également vouloir sauvegarder ailleurs : Il existe une multitude logiciels qui vont savoir faire des sauvegardes incrémentales chez un fournisseur. On peut également vouloir faire une sauvegarde de type image, c-a-d un clone de sa machine. Dans ce cas le plus simple est d'utiliser Veeam Agent (gratuit) et de sauvegarder sur un disque externe, un second disque interne sur un desktop ou un NAS sur le réseau. Possible également de le faire vers OneDrive. Avantage, historisation et restauration intégrale en cas de besoin (ne pas oublier de créer la clé USB de boot....).
Site web
Un site web hébergé est généralement composé de fichiers et parfois d'une base de donnée (Wordpress par exemple). Les offres sont très disparates et on sauvegarde généralement les pages en FTP ou via des options proposées. Le FTP est universel et le minimum à faire lors de chaque mise à jour. S'il y a DB (WP par exemple) le process de sa sauvegarde est intégré dans une copie en FTP. Tout cela est un peu archaïque et il faut trouver un moyen pour l'automatiser ou s'imposer une véritable discipline...
VPS
Un VPS (Virtual Private Server) est rarement sauvegardé par l'hébergeur. Donc selon l'O/S c'est à vous de le prévoir et cela dépendra de ce que vous voulez sauvegarder (RClone, FTP).
Serveur dédié
Que votre dédié soir chez un hébergeur ou dans votre bureau, c'est pareil. C'est à vous de gérer les sauvegardes en fonction de sa criticité. Et si hyperviseur, voir plus loin.
Instance cloud managée
Managée veut dire que la notion de sauvegarde est intégrée. En général plusieurs options sont proposées et le tarif varie en conséquence. De base le fournisseur doit garantir la disponibilité. Il faut lire les contrats. On ne parle pas vraiment de sauvegardes mais de disponibilité, pour résumer si le data center brule, l'instance doit toujours être disponible car elle est censée être répliquée sur un autre site géographique. Enfin, c'est ce qui se passe chez Azure, AWS, etc... et l'expérience à démontrée que chez d'autres ça peut être plus hasardeux. Donc dans tous les cas, mettre en place une sauvegarde de secours pour les datas (base SQL par exemple) chez un fournisseur tiers n'est pas forcément un luxe !
NAS
Un NAS sert souvent des destination de sauvegardes, mais également pour partager des fichiers. Donc si la maison brule il n'y a plus rien. Il faut donc externaliser une sauvegarde à l'aide des logiciels fournis (HyperBackup sur Synology par exemple) qui fonctionne avec tous les fournisseurs de stockage. Et ne pas confondre synchronisation (CloudSync) ou on réplique des données même si elles sont vérolées, et sauvegarde (HyperBackup) ou on historise des sauvegardes. Synology propose C2 qui est également une bonne alternative intégrée.
VM et Hyperviseurs
Ici on creuse dans le dur et en général il y a un IT qui sait faire son boulot. S'il est possible de pratiquer des sauvegardes au niveau VM comme sur un serveur physique, la sauvegarde s'effectue en général au niveau de l'hyperviseur avec des outils tels que Veeam Backup&Recovery (il y a de la concurrence et même des produits gratuits). Idéalement on sauvegarde sur un stockage local (un gros NAS par exemple) et en parallèle on externalise vers un fournisseur de stockage externe. Bien sur la taille de l'infrastructure est un facteur décisionnel. Et pour des données critiques rien n'empêche de mettre en place une sauvegarde spécifique à l'intérieur des VM.
A ce stade on pense également PRA. En effet rien ne sert de sauvegarder si on ne dispose pas de quoi restaurer après une catastrophe... Mais c'est un autre sujet.
Fournisseurs de stockage
Un bon principe consiste comme souvent à ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier.
Le choix de l'hébergeur est fait en fonction de la criticité de ce que l'on héberge et des moyens dont on dispose. Pour un résultat apparemment identique les tarifs peuvent s'étaler de 1 à 10, voire plus. Donc si vous êtes une entreprise riche et peu regardante sur sur le CloudAct et autres RGPD, visez Azure ou AWS, ce sont les meilleurs. Dans le cas contraire faites attention ou vous mettez vos datas et lisez bien les contrats. Une fois bien que vous aurez choisit votre fournisseur il faudra penser à une solution de stockage indépendante pour la fameuse seconde sauvegarde. Et attention à ne pas utiliser pour cette seconde sauvegarde une solution qui serait hébergée chez ce même fournisseur mais dans une offre concurrente. En gros savoir ou sera physiquement hébergée la sauvegarde de secours.
Pour le stockage et l'hébergement il faut également prendre n compte le niveau de certification du data center (Tiers 3/4, etc...).
Une sauvegarde externe c'est aussi la disponibilité d'un protocole qui sera utilisé par les logiciels de sauvegarde. Il vaut mieux éviter les protocoles exotiques ne fonctionnant qu'avec tel ou tel logiciel.
- FTP : un peu old school mais adapté et utilisé sur les petits sites. Peu performant et peu adapté aux gros volumes.
- SMB et NFS : pourquoi pas, mais je déconseille sur internet. Et SMB 1 on oublie, même en local, c'est une passoire que les marchands de copieurs forcent à réactiver.
- S3 : Créé par Amazon AWS c'est un standard supporté par de nombreux logiciels, Veeam par exemple.
- Swift : Alternative plus ouverte que l'on peut comparer à S3.
Je ne vais pas ici faire le tour de tous les fournisseurs de stockage, mais uniquement de ceux que j'ai testés.
- Azure Backup : couteux et compliqué. Pas adapté aux TPE, à considérer dans un environnement d'entreprise structurée. A noter que s'il est possible de sauvegarder facilement un NAS Synology vers de l'Azure Backup, vous ne connaitrez pas à l'avance le montant de la facture...
- AWS S3 : idem
- OneDrive : utilisable avec Veeam Agent (tuto ici) pour sauvegarder des images de PC. On peut également s'en servir avec RClone si on a un barbu dans ses potes.
- Google Drive : Synology et tout ce qui est à base de RClone : Ca peut être intéressant coté tarification dans un cadre GSuite. Débits très rapides.
- Wasabi : véritable alternative à AWS S3, ce fournisseur ne fait que du stockage et il le fait bien, et à des tarifs très concurrentiels (5 € / mois / TB sans frais de transfert). Localisation des DC aux Etats Unis, Japon et Europe à Amsterdam. Protocole S3 exclusivement, avec un accès admin de secours en FTP. Je m'en sert depuis quelques années.
- Scaleway : je vais éviter car j'héberge mes serveurs chez eux. Leur offre Object Storage est moins couteuse que les GAFAM mais plus que Wasabi par exemple. Par contre leur offre C14 (Cold) est certainement la plus intéressante du marché pour de l'archivage. Mais c'est un autre sujet : sauvegarde = usage à la demande, archivage = conservation légale et usage différé.
- OVH : Swift et depuis peu S3. Tarifs abordables. Mais bon, OVH ces temps ci ça fait un peu peur...
- Swiss Backup : Infomaniak est un des plus gros hébergeurs suisses, non content de proposer une véritable alternative GAFAM, ils offrent une solution de sauvegarde très complète (5 € / TB avec une tarification dégressive). Support S3, Swift et FTP, mais également ne offre Acronis pour les PC et Macs ainsi que le support des mobiles avec la possibilité de partager un même compte entre divers usages en affectant des quotas... Et puis la Suisse c'est rassurant !
Sauvegarder est une chose, mais il est important de pouvoir accéder à ses sauvegardes en tous temps et et parfois autrement qu'avec le logiciel qui a servi à les faire. Ces logiciels utilisent en général un format propriétaire, de plus quand on sauvegarde chez un tiers on prend soin de chiffrer les sauvegardes un minimum.
En cas d'un crash, et le temps que l'infrastructure soit remontée / rétablie, on peu avoir besoin de façon urgente de certains fichiers. Dans tous les cas attention à bien disposer des mots de passe et autres certificats ayant servi au chiffrage.
- Pour les sauvegardes en clair (FTP, RClone, etc...) c'est simple et il suffit d'aller chercher le fichier.
- Veeam Backup&Recovery et ses clones : il faudra disposer du logiciel dans une version identique. Environnement d'entreprise, donc le même logiciel installé dans un PRA en attente. Au pire monter le logiciel rapidement sur une machine de secours.
- Synology HyperBackup : Facile en C2 en web. Si on ne dispose pas d'un NAS de rechange, HyperBackup Explorer sur un PC il faudra pouvoir accéder à la sauvegarde. Deux solutions, un montage CloudDrive sur du S3 ou Swift, fonctionnel avec Wasabi et Scaleway, mais pas avec Swiss Backup pour l'instant (ticket ouvert). Alternative : télécharger la sauvegarde avec CyberDuck (Swift) ou S3 Explorer de CloudBerry (S3) afin de pouvoir l'explorer en local.
Voilà pour ce petit tour d'horizon. N'hésitez pas à partager vos expériences, je mettrais à jour cet article.